Comité Français des Barrages et Réservoirs

Barrage de Chevril (Tignes)

Leçons de l’histoire

Généralités

Age moyen et taille des barrages rompus :

La France compte environ cinq cents grands barrages qui représentent moins de 2 % du " parc mondial ". Les accidents sont rares (en France, il n’y a eu que deux accidents importants en un siècle faisant 540 morts au total).
Cette rareté des accidents est le résultat d’efforts attentifs poursuivis inlassablement depuis un siècle.

Au niveau mondial, entre 1959 et 1987, 30 accidents de rupture de barrages ont été recensés, faisant 18 000 victimes.

La plupart des ruptures intéressent des barrages jeunes. Celles-ci surviennent le plus fréquemment au cours des dix premières années (70 %) et plus spécialement pendant la première année (au cours du premier remplissage).
Le taux de rupture des barrages en remblai est d’environ deux fois plus élevé que celui des barrages en béton ou en maçonnerie.

Le pourcentage de ruptures a décru au cours des quatre dernières décennies. 2,2 % des barrages construits avant 1950 se sont rompus. Le taux de rupture relatif aux barrages construits depuis 1951 est inférieur à 0,5 %. Ce sont les barrages construits au cours de la décennie 1910-1920 qui ont subi le taux de rupture le plus élevé.

En valeur absolue, la majorité des ruptures concerne de petits ouvrages, mais ceux-ci constituent aussi la majorité des barrages construits. Presque 70 % des barrages rompus ont moins de 30 m de hauteur, en ne tenant compte que des barrages dont la hauteur est connue (les barrages de moins de 15 m ne sont pris en compte que si leur réservoir a un volume supérieur à 1 hm3).

Causes de rupture :

Les causes de rupture d’ouvrage peuvent être de différents ordres :

  • Des problèmes techniques peuvent entraîner la rupture d’un ouvrage. Il peut s’agir d’un défaut de fonctionnement des vannes permettant l’évacuation des crues ou bien d’un vice de conception, de construction ou de matériaux. Le type de barrage, les matériaux utilisés, la nature des fondations ainsi que l’âge de l’ouvrage vont avoir une influence sur l’apparition de ces problèmes. Cependant, l’évolution des techniques de construction rend les barrages modernes beaucoup plus sûrs.
  • Des causes naturelles peuvent également être à l’origine de rupture de barrage.
    • Il en est ainsi des crues exceptionnelles, d’intensité supérieure à celle retenue pour le dimensionnement des ouvrages évacuateurs, appelée crue de projet. La phase de chantier pour les barrages en construction est une période sensible aux risques de crue, car les ouvrages d’évacuation ne sont pas encore opérationnels. Les barrages en remblai ne supportent pas la submersion et sont donc plus vulnérables aux débordements.
    • Le quart des ruptures recensées en exploitation sont liées à des crues ; les ouvrages les plus affectés sont les barrages en remblai du fait de leur sensibilité à la submersion.
    • Les glissements de terrains, soit de l’ouvrage lui-même dans le cas de barrages en remblai, soit des terrains entourant la retenue sont également une cause de rupture. L’ouvrage peut être déstabilisé par un glissement (barrage de Malpasset, 1959) ou bien submergé par la vague engendrée par un glissement en amont de la retenue (barrage du Vajont, 1963).
    • Enfin les séismes peuvent causer des dommages mineurs à ne pas négliger (déformations, tassements, fissures, etc.).
  • Des causes humaines peuvent enfin être à l’origine d’accidents : études préalables pas assez approfondies, contrôle d’exécution insuffisant, erreurs d’exploitation, défaut de surveillance et d’entretien ou encore actes de malveillance. Ainsi le drame du Drac en 1995 reste présent dans de nombreuses les mémoires : la montée brutale des eaux du Drac, le 4 décembre 1995 à la suite de la manœuvre d’une vanne usinière a causé la mort de six enfants et un adulte qui randonnaient dans le lit de la rivière.